vendredi 19 juin 2009

Hassniya Seguer : le déclic






Hassniya Seguer a trente quatre ans, elle est la plus jeune d’une famille de onze enfants dont dix sont toujours vivants.

Son père est originaire d’un village des environs de Mostaganem en Algérie où il est né il y a quatre vingt trois ans : Oued Rhiou qui s’appelait Inkermann du temps des français.


le mausolée du saint SIDI ABED qui est à l'origine du village

la ville dans la plaine



M. Seguer est venu en France en 1949 pour travailler à Usinor-Thionville et a fait venir sa famille en 1969 à l’occasion du rapprochement familial. Hassniya est née à Bel Air en 1975 mais sa sœur ainée Soltana avait neuf ans en 1969 et se souvient très bien de la façon exemplaire dont ils avaient étés pris en charge. Les quatre enfants étaient malades de la tuberculose à leur arrivée, ils avaient étés soignés et envoyés en cure à St Gervais, dans un sanatorium de montagne.

Dans les années 70, la famille vivait dans un quartier de vieilles bâtisses qu’on appelait le crassier, juste derrière Beauregard. Puis ils vinrent s’installer à Veymerange où Monsieur Seguer était très respecté. Il a longtemps roulé une mobylette orange avec ses grosses sacoches pour faire les courses mais à l’âge de cinquante quatre ans il a réussi le permis auto, stimulé par le fait que sa fille Soltana le passait en même temps et par la grande patience des gens qui dirigeaient l’auto-école Péquignot à l’époque. C’est remarquable quand on sait qu’il ne savait ni lire ni écrire. Monsieur Seguer est mort le 6 novembre2009.


Hassniya n’accepte pas qu’on parle d’elle en terme d’intégration car elle est née ici mais là, dans le cas de son père on peut parler d’intégration réussie car quand elle mesure la charge que représente une famille, elle qui a trois enfants et de multiples papiers à remplir, elle admire vraiment son père pour sa capacité à se débrouiller et à faire appel aux gens compétents pour ses démarches compte tenu de sa difficulté à lire et écrire : il savait toujours précisément où se trouvait chaque papier.

Hassniya, installée avec son mari et ses enfants boucle de la Milliaire depuis trois ans , a habité six ans à St Pierre de l’autre côté de la rue Paul Albert. Elle est adhérente au centre social Jacques Prévert et trouve que l’ambiance du quartier est meilleure de l’autre côté de la rue. Elle ne peut que constater le manque de lien entre les habitants de la Milliaire et envisage sérieusement de prendre sa place dans la vie du quartier. Le déclic a eu lieu quand son fils à provoqué l’irritation du voisinage en jouant au ballon contre les portes en fer de l’entrée. Il y a beaucoup de gens âgés dans les immeubles de la boucle et elle comprend bien leur besoin de tranquillité mais là elle s’est demandé en même temps où son fils allait jouer. En constatant l’absence d’aire de jeux à proximité, elle a aussi vu qu’il n’y avait aucune structure d’accueil véritable de ce côté-ci de la rue Paul Albert : et vu que les gens ne traversent pas pour aller au centre, elle envisage de faire le relai avec Jacques Prévert pour inviter les gens à participer aux activités qui y sont proposées. Il faut changer les choses en véhiculant les idées.


Seifeddine , Hassniya et Soltana

Ode à la côte.




quand la côte était verte...



La Côte des Roses

Il y a la haute Côte et la basse Côte ah! Ah ! ah !
La population forme une grande mosaïque, une multitude de cultures et de nationalités.
C’est très riche, l’entraide y est formidable.
« tu as besoin de quelque chose, ne bouge pas je te prête »
« Je suis enceinte du" troisième", mon mari est au chômage et je n’ai plus de lit pour le bébé »
« N’achète rien j’ai ce qu’il faut chez ma mère »

Je n’ai pas envie de quitter la Côte des Roses. Cela fait 20 ans que j’y suis. Les enfants peuvent jouer dehors, il y a de l’espace.
Enfin et surtout nous avons tout a proximité : école, pharmacie, médecin, CHR.
Le cœur du village à la Côte des Roses ce n’est pas l’église mais la maison de quartier avec toutes ces activités.

Isabelle SOBRE




vendredi 12 juin 2009

Paola Morelli: le pompier social de la Côte des Roses.


Paola Morelli ne fait pas de différence entre son travail et sa vie militante.

Que ce soit un problème de poubelle ou un bout de grillage à redresser, il lui suffit de regarder autour d’elle pour voir ce dont les gens ont besoin. D’instinct elle s’engage et donne son temps pour des causes auxquelles elle croit. En 1975, quand elle adhère à l’Union des Femmes françaises, devenue aujourd’hui Femmes Solidaires, c’est parce qu’elle pense qu’ensemble, les gens ont plus de force pour peser sur les décisions. soirée de l'U.F.Favec Gina Lisiero


En 1978, avec Gérard Renassia, Maryse Puiatti et Annie Hackenheimer, elle participe à la création du premier Club de prévention de la ville, L’A.A.E, association d’action éducative dont la mission est d’accompagner la jeunesse des quartiers. En 1981, son expérience de la Côte des Roses permet à Paola d’intégrer l’équipe du C.M.S.E.A., au Konacker où elle a grandi, au côté de Denis Schwitzer et Grégory Kotoy.

Après une parenthèse de dix ans passés à seconder son ex-mari dans une maison de la presse à Fontoy elle repart à zéro dans les années 95 et renoue avec le C.M.S.E.A. qui lui propose un poste à mi-temps à Woippy-St Eloi jusqu’en 1998 où elle postule au poste de médiatrice de quartier à la Côte des Roses, pour les bailleurs sociaux : Batigère, Moselis et l’O.PH.

Sa connaissance du terrain et son engagement personnel feront la différence.parmi tous les candidats. Car il s’agit de travailler en immersion dans le quartier, être connue et reconnue, ce qui signifie habiter sur place et une grande disponibilité horaire.

Aujourd’hui, elle peut agir sur les problèmes qui surgissent en mobilisant les réseaux d’habitants tressés au cours du temps : là ou il faut, elle peut s’appuyer sur les gens qui ont eu recours à elle et qui se mobilisent plus spontanément pour l’aider à trouver des solutions. Paola Morelli a maintenant cinquante neuf ans et ne sait pas ce que deviendra cette expérience de médiation. Actuellement elle intervient dans le projet de réhabilitation A.n.r.u qui prévoit des démolitions d’immeuble dans le quartier. Certaines familles doivent être relogées et Paola est directement en lien avec les services de relogement pour répondre au plus près de leur demande. son rôle est de simplifier les choses aux habitants en leur apportant des réponses rapides et concrètes : elle apporte cette écoute qui manque, elle relaye la parole des gens et suit leur dossier: ce qui lui importe est que les habitants soient contents des décisions prises et d'apporter son regard de terrain pour permettre aux bailleurs de valider leurs projets.

l'immeuble de la perdrix est promis à la démolition.



des femmes d'origine turque peuvent procéder au lavage annuel des tapis sur les pelouses grâce à la médiation de Paola Morelli.





jeudi 11 juin 2009

la ferme de la Briquerie: le temps des changements.

Madame Schweitzer appartient à une famille de paysans de Florange-Ebange, la famille Muller, qui elle-même trouve son origine dans la famille Baur qui tenait la ferme du Chaudebourg à Guentrange, célèbre un temps pour sa source d’eau ferrugineuse et qui fut rasée par l'armée française lors de la guerre de 1914, pour établir des fortifications.
Quand jeune mariée en 1955, elle arrive chez les Schweitzer à la ferme de la Briquerie, il n’y a aucune construction aux alentours, seulement des champs tout autour de la ferme et la route qui descend en ville.
Les vaches étaient lâchées dans les parcs qui jouxtaient la ferme. Et parfois des malandrins coupaient les fils et la police appelait : encore trois bêtes qui se promènent… Elle avait quand même remarqué qu’à la ferme il y avait des barreaux aux fenêtres… C’était un endroit isolé.
On savait qu'un jour il y aurait Bel Air et la route mais son mari ne voulu jamais quitter cet endroit. Petit à petit, les terrains ont étés expropriés et indemnisés au prix des Domaines, le quartier de la Côte des Roses est sorti de terre et il a bien fallu se reconvertir.

Madame Schweitzer se souvient des nouveaux venus qui s’installaient dans les immeubles à peine terminés. Les camions de déménagement s’embourbaient souvent dans ces terrains encore impraticables. Léon Schweitzer était toujours disponible pour tirer ces gens d’affaire avec son tracteur. Les habitants venaient de l’intérieur du pays, la Creuse, la Corrèze, pour travailler dans la sidérurgie. Beaucoup d’entre eux étaient d’origine rurale et au fil du temps certains demandèrent un lopin de terre pour faire un jardin. Léon Schweitzer retourna un coin de terrain où est située aujourd’hui la Sécurité Sociale pour leur en laisser l’usage. Ainsi s’établirent de bonnes relations de voisinage et d’échange de services. Il y avait toujours des gens prêts à donner un coup de main pour rentrer les foins.

Les gens qui venaient chercher leur lait à la ferme jusque là déploraient la situation et c’est ce qui a donné l’idée à Léon Schweitzer d’ouvrir un débit de lait. Ils ont démoli la grange attenante à la maison principale et construit la laiterie au dessus de la quelle ils se sont installés en 1972. De cultivateurs ils sont devenus commerçants en revendant à tous les quartiers limitrophes le lait acheté aux fermiers de la région.

Toute la Côte des Roses venait acheter son lait chez eux, et la maison était un endroit où les gens s’arrêtaient volontiers en passant. Avec le temps les gens ont construit ailleurs ou bien sont retournés dans leur région d’origine. La population a changé et les environs sont presque tous occupés par des pavillons et des immeubles récents. Madame Schweitzer garde le souvenir d’une vie rude mais bien remplie.






mercredi 10 juin 2009

Mon quartier s'est transformé - Le garage Peugeot

Je me souviens en face de chez moi, il y avait un garage Peugeot-Talbot. Chaque année, à l'occasion des portes ouvertes, le garage organisait des animations pour le public.
Une fois, ils avaient invité le footballeur Carmelo Micciche qui embarquait des personnes dans une Ferrari pour remonter la rue des Corporations à toute vitesse.

Une autre fois, il y avait eu des chameaux et un manège était installé sur le parking pour les enfants. Il y a même eu le FC Metz qui est venu.
Je me souviens des arbres de Noël du personnel. Ils faisaient un très grand sapin juste à l'entrée du garage, dans le hall d'exposition.

Souvent, les enfants allaient faire gonfler leurs pneus de vélo et leurs ballons de foot.
En 2003, le garage fût démoli pour construire l'immeuble qu'il y a maintenant.




Marysia, le 10 juin 2009.

Un coup de fil salé.

Depuis qu'il est très jeune Popol est insomniaque, ses nuits sont donc très courtes. Il s'occupe comme il peut. Sa grande passion, c'est de regarder, ranger, classer les objets de sa collection. En effet depuis quelques années, il collectionne des objets relatifs au cacao et au café, toutes les vieilles boites et affiches publicitaires qui lui tombe sous la main. Il habite un loft en centre ville, dans un petit immeuble devant lequel est placée une cabine téléphonique.

Ah! Cette cabine, qui aurait cru qu'un jour cette espace publique, inoffensif, censé nous rendre service serait devenu l'objet, non pas de sa collection, mais d'un conflit qui aurait pu mal tourner. Je m'explique!

D'abord, il faut savoir, qu'à cette époque là, chaque soir après 23h, Madame Rose, une petite femme de bonne corpulence, descendait de chez elle et allait s'installer dans cette cabine pour attendre patiemment que le téléphone sonne. Il se trouve que Mme Rose, passait des annonces dans des journaux frontaliers parce qu'elle exerce le métier d'hôtesse de charme qui est très demandé à notre époque. Son seul défaut était de faire profiter toute la rue de ses conversations érotiques pendant des heures, chaque nuit.

Popol se souvient que la première fois, il avait écouté toutes ces conversations avec amusement. Il n'était pas attiré par ce genre de service et ne dénigrait pas ce métier. Mais cette voix stridente, cette litanie, qui résonnait dans la nuit, Popol ne la supportait plus. Lui, il était aux premières loges et un soir il craqua. C'en était trop! il se saisit de son fusil et sans réfléchir tira vers la cabine téléphonique d'où en sorti Mme Rose en courant et en hurlant des injures.

Popol avait chargé son arme avec du gros sel. Il n'a toujours pas retrouvé le sommeil, mais le calme dans la rue est revenu. Aujourd'hui, on entend plus les conversations érotiques de Mme Rose la nuit ,dans la cabine téléphonique. Elle a certainement investi dans un mobile afin de ne plus risquer sa vie pour aller travailler. Popol, lui, il préparait ses futurs achats d'objets pour sa collection.

Samedi prochain il y avait le marché aux puces.

Cristina, le 19 mai 2009

mardi 2 juin 2009

Mon quartier s'est transformé - La cabine téléphonique

Je me souviens de la cabine téléphonique, au coin de l'Avenue de Douai et de la rue des Corporations où les habitants du quartier venaient téléphoner.

Je me souviens aussi de ma voisine qui est venu de Nouvelle Calédonie et qui vers 22 h00, une fois par mois, téléphonait depuis cette cabine, à sa famille à Nouméa. Elle parlait jusqu'à 1 h00 du matin. Je la voyais encore au moment où j'allais me coucher à cette heure là. Un jour, je lui ai posé la question pourquoi elle restait aussi tard à la cabine. Elle téléphonait avec empressement pour avoir des nouvelles de son frère qui était gravement malade. C'était aussi parce qu'avec le décalage horaire, à cet heure là chez nous, c'était le matin chez eux, et elle ne voulait pas déranger son mari qui dormait dans l'appartement. Son frère est mort quelque temps après.

Je me souviens, il y a trois mois, alors que l'on prenait le petit déjeuner avec mon mari dans la salle à manger, nous avons aperçu par la fenêtre des agents de la DDE. Ils sont arrivés avec un camion munis d'une grue et ils ont démonté cette cabine en 3 h. A l'emplacement il ne reste qu'un socle en béton carré.

Marysia, le 19 mai 2009