mardi 23 février 2010

Arnaud Zolver, une vocation précoce


Sans boulangerie, il n’y a pas de quartier. La boulangerie est le lieu de rencontre où les gens viennent raconter leurs histoires, les anciens comme les infirmières de la clinique au bout de la rue de Villars.

La boulangerie, Arnaud Zolver est tombé dedans quand il était petit. A treize ans, l’école l’ennuie déjà passablement et ses parents le mettent au défi. Ils lui organisent un stage chez le boulanger du quartier pour qu’il se fasse une idée de ce que c’est que travailler.

Et là, surprise! Arnaud a le déclic, oui, mais celui de la passion pour le pain qui ne l’a plus lâché depuis. A sa sortie de troisième il entre en apprentissage, il a seize ans. A la fin de la première semaine, quand le patron le fait appeler, il se demande ce qu’il a fait mais dans l’enveloppe, il y a un billet de 200F (30€). C’est son premier argent gagné et il est content.

L’apprentissage c’est deux jours de cours à la chambre des métiers et normalement quinze heures en boulangerie pour la pratique. Mais comment apprendre en si peu de temps ? La réalité est que les semaines sont bien plus longues que ça. Mais c’est la règle et ceux qui n’ont pas un grand désir de devenir boulanger finissent par choisir une autre voie. Sur trente apprentis en C.A.P, dix peut-être seront encore boulangers dix ans plus tard.




Arnaud a passé son C.A.P à 18 ans et son brevet professionnel à 20. Il n’a pas terminé sa maitrise, il lui reste le module reprise ou création d’entreprise à valider mais à 23 ans il a eu besoin de souffler : les cours du soir après une journée de travail, c’est exigeant.

Il pense maintenant pouvoir prendre le temps de refaire les deux dernières années de maitrise pour parfaire son parcours et envisager l’avenir en bonne position.

Arnaud a toujours aimé ce métier, son plaisir est de créer avec ses mains et il a une grande satisfaction quand il sort le pain du four et qu’il est bien.

A la boulangerie Berns à Thionville où il travaille depuis quelques années, il est aussi en contact avec la clientèle : c’est vraiment gratifiant de vendre une baguette et de voir le client mordre dedans en sortant du magasin.


Aujourd’hui c’est au tour d'Arnaud de former un apprenti, le jeune Aurélien. Pour Arnaud, la passion du pain est égale à la nécessité de transmettre son savoir.

Il a appris avec un maitre et c’est de lui qu’il tient son ambition de faire un bon pain : un bon pain est un pain travaillé à la main. Cela prend peut-être un quart d’heure en plus et certains patrons sont au quart d’heure près mais le pain est bien meilleur que quand il passe à la machine.
La machine écrase et chasse les gaz qui font la qualité de la pâte. Il faut respecter le temps de repos du levain et privilégier le travail à la main pour avoir saveur et bon goût.

Le travail est dur et les horaires décalés, Arnaud commence à trois heure et demi et fini à midi, mais le soir il a tout le temps de préparer un bon repas…


Isabelle Soares, Wolly et Arnaud en démonstration à la fête de quartier du Lierre de 2009

Ses loisirs, Arnaud les consacre au sport. Il a connu la boxe anglaise et le kick-boxing mais depuis deux ans maintenant, il pratique la capoeira, un art martial brésilien où il s’agit plus d’évoluer avec son partenaire que de chercher à le battre. Le but de l’affrontement est de construire quelque chose de beau, quelque chose de bien.


dimanche 14 février 2010

Johanna Mercier, une fille du nord

Johanna Mercier est résidente du foyer Athènes à Thionville depuis septembre 2009. C’est là qu’elle a trouvé refuge contre la violence qu’elle subissait dans son couple. Elle essaie de se reconstruire.

Johanna a le mal du pays. Elle a adopté Metz et sa région mais elle rêve de retourner dans le nord. Elle a toujours un pincement au cœur quand elle évoque ses années de lycée à Lille, les sorties entre amies et les souvenirs de travail.



Jusqu’à dix huit ans elle a vécu chez son père, un ancien légionnaire, chauffeur de bus de son métier. Johanna a été élevée par sa belle-mère depuis l’âge de six ans avec les enfants que cette femme a eu avec son père. Après une dispute de trop entre les deux femmes, le père a tranché et demandé à sa fille de quitter la maison.



Même si, à l’époque, elle s’est sentie traitée pire qu’une étrangère, Johanna va profiter de cette liberté soudaine. Elle trouve un travail de serveuse et prend une chambre au F.J.T. Elle renoue aussi avec les enfants de sa mère défunte que son père avait maintenus à distance et qu’elle ne connaissait pas.


Aujourd’hui elle aimerait bien revoir son père et vider l’abcès. En huit ans elle a vécu. Elle a connu l’amour, la galère, la rue mais maintenant elle a une petite fille de quatre ans.

Elle ne veut pas prendre ce prétexte pour renouer avec son père car il ne sait plus rien d’elle. Mais elle veut lui montrer que si dans le temps il la trouvait incapable, elle a quand même réussi à devenir une maman.

Il y a sept ans en arrière, elle avait quitté le nord avec son premier amour, sillonné le pays de long en large avant de prendre Metz comme port d’attache.

la gare de Metz sur une ancienne carte postale et une rue de Metz nord.


Mais l’aventure et l’argent facile ont pris fin le jour où ce garçon a été arrêté pour vol avec agression.

Le retour à la réalité a été dur. Elle a regardé autour d’elle dans la rue et elle s’est demandé ce qu’elle ferait de sa vie quand elle aurait quarante cinq ans si elle continuait comme ça. Et puis l’argent, ça ne tient pas la route, elle l’a toujours flambé.


Johanna rencontre alors un garçon stable qui lui offre de refaire sa vie avec lui.

Une petite fille nait et Johanna découvre cette existence nouvelle si opposée à ce qu’elle avait connu. Elle apprend à maitriser son budget et ses envies. Elle va à la Mission locale de Metz nord qui l’aiguille vers une formation d’assistante de vie au centre A.F.P.A de Woippy qu’elle interrompra pour s’occuper de sa fille.


Après la naissance les rapports changent assez vite dans le couple. Et si Johanna reste c’est uniquement pour sa fille. La distance et la violence s’installent jusqu’à ce jour de septembre où elle demande asile au foyer Athènes. La violence conjugale lui fait plus honte que les bêtises qu’elle a faites dans le passé : elle avait choisi sa vie et là elle la subit.



Le père de sa fille à qui elle ne voulait pas refuser de voir sa fille, a profité d’un week-end où il gardait la petite pour la lui enlever. A présent et elle ne peut voir sa fille que deux jours par semaine et un week-end sur deux.

Mais Johanna n’a pas envie de pleurer sur son sort. La vie lui a ouvert les yeux et elle est devenue méfiante. Elle garde ses sentiments pour elle car elle sait transformer les émotions négatives en force pour se battre. Elle doit trouver un contrat de travail et un logement.




Son éducatrice référente l’a positionnée sur un chantier d'insertion à Tremplin, l’association intermédiaire qui accompagne les demandeurs d’emploi. C’est un atelier "art meubles" où on transforme des meubles récupérés par Tremplin et Johanna a vraiment envie de mettre en application sa passion pour la décoration et les beaux arts.


un dessin de Johanna




jeudi 11 février 2010

Oliviero Arena a sa dignité

Oliviero Arena a 49 ans et habite boucle de la Milliaire à Thionville depuis quatorze ans maintenant. Oliviero est cariste de profession, un bon cariste.

Depuis l’armée il a toujours travaillé en intérim mais ce n’est pas son choix. Il aurait aimé décrocher un Cdi comme tout le monde mais les choses se sont faites comme ça, il y avait toujours du travail, on l’appelait régulièrement et il a calqué sa vie sur cette façon de travailler. Et puis en intérim, on est bien payé si on compte les primes de fin de contrat et de précarité. Par exemple en travaillant trois jours par semaine à Luxair, mercredi samedi dimanche, il arrivait à se faire 260€ par semaine et pour douze jours de travail dans le mois cela faisait une paye de 1200€.

un cariste en action

Oliviero pouvait ainsi disposer du reste de son temps.

Il se débrouillait bien : Oliviero n'a jamais passé le permis et pour aller travailler, il avait acheté une voiture sans permis. Il faisait 84 km aller retour pour aller travailler, Frisange, Hespérange, à droite à la poste à Contern et enfin Sandweiler.


la route à partir de frisange pour rallier sandweiler


Ils lui disaient demain à quatre heures du matin, ils savaient qu’il serait pile à l’heure à décharger les camions jusqu’à midi. Il aimait bien quatre heure-midi car il avait toute le reste de la journée pour lui.


le genre d'entrepôt où intervient le cariste

la zone de fret à Sandweiler


Et puis en 2006, Luxair a changé de rythme de travail en passant aux 2/2, deux matins, deux après-midi et deux nuits de suite. Les embauchés en fixe on râlé car ils estimaient perdre des congés mensuels. Il y a eu une grève et à la fin, des quarante intérimaires travaillant sur le site ils ont choisit les trente plus anciens et les ont embauchés en fixe.


le blason de Sandweiler

Oliviero n’est pas du lot, il a 47 ans et se retrouve sans argent. Lui qui parvenait toujours à l’équilibre entre les périodes d’activité et les indemnités de compensation versées par l’Assedic, il a épuisé tous ses droits. A un mois près, il n’a pas le droit à l’A.s.s, allocation de solidarité spécifique et il bascule dans le R.M.I, revenu minimum d’insertion. Il a quatre crédits sur le dos, les agios montent en flèche et il ne peut plus payer : le 15 mai 2009 le tribunal le déclare en faillite personnelle et efface ses dettes. On n’a pas le droit de saisir l’argent du Rmi* et il ne possède rien. Cela n’empêchera pas un des organismes de crédit de le harceler longtemps après mais son avocate le rassure : ils essaient toujours d’impressionner les gens pour essayer de récupérer l’argent.

Bon, grâce à l’aide au logement il ne paye que 107 € de loyer et il a 400€ pour survivre. Il aimait bien aller chez Flunch, maintenant il mange des pâtes et il cherche désespérément du travail.

Il est cariste mais qui va seulement le recevoir ? Oliviero voudrait que les employeurs se basent sur lui : son C.V ne le sert pas et personne ne le reçoit pour lui permettre de défendre sa candidature. Il s’est toujours trouvé du travail tout seul mais il est déçu de la façon dont on oriente les gens de son âge. Un jour, pour un travail dans les espaces verts, il rencontre à l’Anpe un patron qui lui pose des questions idiotes : savez vous tondre le gazon ? Vraiment ras ? Que pourriez-vous nous dire pour nous amener à vous embaucher ? Prenez-vous des drogues, de l’alcool ?..... Pourquoi devrait-il s’abaisser à répondre à des questions pareilles ? A-t-il une tête de vagabond ? Est-il mal habillé ? Il s'est senti délaissé et blessé dans sa dignité.

Heureusement, Oliviero Arena a le moral : grâce à son amie et grâce aux séances de relaxation du centre le Lierre. La relaxation chasse son stress, lui permet de voir des gens et de rester motivé. Oliviero est obligé d’avoir le moral, c'est un mec vivant, il tient à sa personnalité.


la vue depuis l'appartement d'Oliviero Arena













*R.S.A aujourd’hui

mardi 9 février 2010

christiane schneider, une femme de terrain

Christiane est adjoint technique de deuxième classe à l’O.P.H. de Thionville. Ce qui veut dire maintenir propres les entrées et les abords des tours Roland pendant la semaine et boucle de la milliaire un weekend sur deux.

Tout le monde l’appelle Christine, et c’est bien comme ça car Christine est aussi le nom d’une de ses filles. Christiane a eu sept enfants et Christine, trente deux ans aujourd’hui, est celle qui peut s’occuper le plus facilement de sa mère. Elle fait aussi le lien entre elle et ses autres filles, Sylvia et Lydia, trop malades toutes les deux pour se déplacer.

La mère de Christiane avait eu cinq filles et deux garçons, Christiane, elle, a subi le même sort en inversant les proportions. Sa mère en est morte à l’âge de soixante cinq ans.


Cette jeune mariée de vingt ans ne connaissait rien, sa mère ne lui avait rien transmis. Les quinze ans de son premier mariage, elle les a passé à Ars–Laquenexy dans la campagne de Metz, a donner à manger aux animaux. La ferme comptait 400 bêtes et cette vie au grand air lui plaisait.


Ars–Laquenexy


Mais elle a quitté la ferme pour tenter de vivre autre chose. Christiane loge alors dans un foyer et dans ces conditions il ne lui est plus possible d’élever ses quatre premiers enfants. Elle ne pourra empêcher que ceux-ci soient placés jusqu’à leur majorité.

Christiane partagera sa vie les douze années suivantes avec un conducteur d’engin qui lui donnera trois enfants. Et là encore la séparation sera difficile, elle passera plus d’un an dans un foyer de femmes seules.

Mais elle n’aime pas l’ambiance des foyers, elle préfère rester seule et trouver du travail. Dans sa famille tout le monde aime travailler.

Elle arrive à Thionville en 2002. Elle travaille d’abord dans les cuisines d’un restaurant du centre ville, seize heures par jour pour cinq mille francs par mois et puis l’Anpe l’envoie à l’O.P.H, l’office pour l’habitat de la ville où elle va pouvoir faire ses preuves.


Aujourd’hui elle s’occupe donc des tours Roland pendant la semaine et un dimanche sur deux boucle de la Milliaire. Là-bas, elle nettoie les entrées et veille à la propreté des bornes de tri car les gens ne prennent pas le temps de déchirer en morceaux les gros cartons et les laissent s’entasser autour des bornes.

Il y a quatorze bacs poubelles place Roland, à sortir deux fois par semaine et à laver deux fois par semaine pendant l’été.

Mais pas de tri sélectif car les gens ne font pas attention : au début les bacs n’étaient pas ramassés en cas de mélange avec les ordures et à la longue le tri a cessé. Christiane veille aussi à la propreté des paliers de chaque logement, confiée aux habitants à tour de rôle.

Christiane et Agnès sa collègue d'Onet qui s'occupe de l'intérieur des tours


C’est simple, quand elle constate que c’est sale, elle le signale aux intéressés et si rien n’est fait dans les temps, Christiane nettoie le palier et fait son rapport à l’office qui facturera le nettoyage aux locataires. C’est pareil pour les gens qui entassent de vieux meubles au pied de l’immeuble si c’est l’office qui vient débarrasser.

Cela ne facilite pas toujours les rapports avec les locataires mais la plupart apprécie ce qu’elle fait et Christiane se sent soutenue par l’office. Elle fait son travail consciencieusement et s’il faut boucher un trou à rat sous les arcades elle le fait. Elle supporte aussi le manque de respect de certains jeunes laissés à eux-mêmes qui squattent une des deux tours sans se soucier de garder les lieux propres.

Son travail est dur et fatigant mais Christiane ne supporterait pas d’être enfermée dans un bureau. Elle travaille seule, elle vit seule et elle apprécie cette autonomie. Elle a perdu le contact avec ses trois derniers enfants, Sophie, Edouard et Hélène que leur père a monté contre elle. Elle n’a plus de nouvelles de son fils ainé, Jean Marie, marin au long cours. Elle sait qu’elle est treize fois grand-mère. De ses six semaines de congés annuels, elle ne s’accorde qu’une semaine ailleurs : elle la passe chez sa fille Christine. Elle est solitaire et têtue.



aujourdhui, les travaux de la place Roland ont commencé, perturbant un peu la vie au pied des tours


lundi 1 février 2010

Hervé Mergey: une vie.



C’est la vie qui a amené Hervé Mergey au Fomal de l’avenue de Douai à Thionville. Le 10 octobre 2008, Hervé a quarante sept ans et il est à la rue.

Hervé n’a pas honte de le dire, c’est l’alcool qui l’a amené là.

En 2004, après vingt ans de travail, il quitte la Sncf. Pourtant il aimait bien son métier. Il était chef de manœuvre à Woippy, le plus grand triage de France, 24 heures sur 24. Son travail consistait à former des trains jusqu’à sept cent mètres de long, en guidant le mécanicien par radio depuis la voie. Une vraie responsabilité.

Mais sa vie de famille s’est détériorée, sa mésentente avec sa femme l’a enfermé dans l’alcool et un jour, submergé de dettes, il n’a plus pu supporter les commentaires insultants de ses collègues. Il a perdu son contrôle et laissé exploser sa violence contenue.

Après c’est la séparation, la perte de son travail et la prison en 2005. Huit mois à Queuleu : en arrivant on a vraiment peur car on ne sait jamais avec qui on va tomber. Mais dans son malheur, il a de la chance car il obtient un travail au mess, à l’extérieur de la prison et son codétenu est un bon camarade. De la prison, ce qui le choque le plus c’est le manque d’intimité. Dans les cellules, les toilettes ne sont pas séparées du reste et on est constamment sous le regard des surveillants. C’est révoltant mais il l’a vécu. Il a fait tout pour que ça se passe bien : il faut qu’il reste calme pour ne plus y retourner.


Le père d’Hervé était mineur. La mine de Valleroy avait fermé quand il avait cinq, six ans et son père après un essai à l’usine d’Hagondange, était retourné à la mine, à Bouligny cette fois.



Son père était aussi bûcheron et Hervé le suivait dans les bois. Ce petit homme d’un mètre cinquante huit débordait d’énergie et travaillait tout le temps. Il n’était jamais à la maison.



Enfant, Hervé n’était pas bagarreur et c’est son père qui lui a dit un jour de se défendre tout seul pour régler ses problèmes au collège. Il a découvert la boxe française et les gants blancs.

à Piennes en 1978



C’est devenu son sport favori et à la fin des années 70, il est devenu vice-champion de lorraine. Son départ à l’armée l’empêchera de devenir moniteur mais lui permettra d’acquérir d’autres techniques de combat.

l'armée en 1980



Hervé encaissait tout jusqu’à un certain point. Mais quand ça pétait… ça pétait ! Aujourd’hui il règle les conflits autrement. Il préfère prendre les choses à la rigolade car une bagarre, on ne sait jamais comment ça se termine. Avant, il gardait pour lui ses problèmes familiaux. Quand ça ne va pas, il coupe les ponts. Mais maintenant il essaie de dire les choses. C’est pour ça qu’il aime la relaxation qu’il pratique au centre le Lierre. Il n’y croyait pas mais il a découvert que si on le fait sérieusement ça agit vraiment : ça relaxe.

Depuis le mois de novembre, Hervé a renoué avec l’association des Croix bleues. Il a donné un coup de main au stand qu’ils ont sur le marché de Noël de Yutz. Les Croix bleues est une association d’aide aux alcooliques qu’il avait fréquenté assidument entre 1999 et 2003.


membre de la croix bleue en 2000

le marché de Noël à Yutz


Il était même devenu membre actif, c'est-à-dire abstinent depuis au moins neuf mois d’affilée. Cela lui permettait d’épauler quelqu’un d’autre à son tour, après une formation à Villers les Nancy. Au début, sa femme venait aussi aux réunions de membre car la famille doit être solidaire pour que ça marche. Mais il avait rechuté et préféré jouer franc-jeu : après 52 mois sans le moindre alcool, il avait perdu son statut de membre. Aujourd’hui le stand des Croix bleues est anonyme pour éviter les malentendus : le vin chaud y était si bon que les clients n’ont pas compris quand on leur a dit qu’il était fait à base de jus de raisin et pas de vin.

En ce moment Hervé Mergey partage un logement du Fomal avec deux colocataires. Le Fomal, on peut compter sur eux, ce sont des professionnels. Quand on arrive sans ressource, on a droit à des tickets de 25€ par semaine d’achats alimentaires et d’hygiène. C’est mieux que rien : certains jeunes, on leur donne tout mais ils n’ont pas de respect. Ce n’est pas son rôle mais quand il voit les choses, il les remet à jour.

Les premières vacances en famille, 1993


Hervé avait famille maison travail. Maintenant c’est le RSA. Il a toujours réussi à s’en sortir. Les éducatrices du Fomal le poussent à agir. Mais il a du mal à croire qu’on peut refaire sa vie avec 400€ par mois à 48 ans.




le Fomal, foyer mosellan d'aide aux libérés, se trouve au 19 Avenue de Douai 57100 Thionville , 03 82 53 92 65.






la Croix bleue à Thionville-Yutz: http://pagesperso-orange.fr/alcool57cb

A propos du Fomal, l'article sur Marc Betou.

creff@wikithionville.fr