mardi 21 juin 2011

Hélène Botella, la nature en partage

Hélène est responsable d’activité de l'association Les Pieds sur Terre, qui organise des actions et des manifestations sur le thème de l'environnement et de la nature.

A l'origine, avant de créer l'association, leur activité se déclinait dans un Club Nature, un C.P.N. (Connaître et Protéger la Nature). « Ca a commencé avec des enfants et à l'époque le club se réunissait une fois par mois dans ma cuisine. » nous raconte Hélène. Dans le club, les enfants tenaient les rôles de président et de secrétaire. Les ateliers sont devenus réguliers et le club a commencé à construire quelque chose d'un peu plus élaboré. Progressivement, le projet a pris une dimension plus importante avec une ouverture davantage vers le public adulte. Des actions plus concrètes et plus valorisantes pour l'association ont pu être menées.

Les activités de l'association se portent plus spécifiquement sur la nature proche. Elles se déclinent avec des actions de protection. Notamment sur les milieux humides avec la réhabilitation d'anciennes mares. L'hiver, ils apportent une aide aux oiseaux. Parallèlement, ils organisent des sorties de découverte naturaliste où ils apprennent aux gens à découvrir cette nature en prenant le temps de l'observer.

Il est courant que l'association soit sollicitée pour mener des sorties nature avec des enfants. Travailler avec ce public est primordial pour Hélène car elle espère ainsi susciter un intérêt pour la nature existante. Pour elle, il faut que les gens comprennent que l'on doit éviter d'avoir des comportements de destruction des milieux. Quand on voit la transformation des campagnes et la prolifération urbaine, c'est important de sensibiliser les collectivités et le public adulte. Ne pas déverser dans son jardin des pesticides, ni faire pousser n'importe quoi, du type plantes exotiques. « C'est regrettable » souligne Hélène. Il faut surtout sensibiliser les enfants, car on sait qu'à travers les enfants on touche les parents et on peut ainsi les amener à regarder différemment. Hélène part du principe que, plus jeune, on avait davantage cette culture, de prendre le temps d'aller se promener, que ce soit dans la forêt de proximité ou le parc de proximité. Aujourd'hui, « on est dans une époque où on ne fait plus trois pas sans une voiture. » Avec les familles éclatées, tout le monde travaille, on n'a pas le temps. Ça devient regrettable de ne plus avoir ce contact avec la nature comme on l'avait autrefois.

L'idée portée par Les Pieds sur terre, c'est donc de passer ces messages avec des enseignants pour sensibiliser les enfants. « On ne court pas forcément, on s'arrête, on se pose, on s'assied, on prend, on touche, on manipule. » Pour Hélène, c'est très important dans la mesure où ce contact là n'est plus du tout fait. « Il faut amener les enfants à porter un regard différent sur leur environnement proche. »

Hélène puise sa motivation dans le fait de « sensibiliser un maximum de gens sur l'intérêt de protéger la nature qu'il nous reste. » « Et il ne nous reste plus grand chose » précise-t-elle. Elle constate la disparition de certaines espèces, notamment les plantes urbaines, avec l'utilisation systématique de désherbant, qui va faire que certaines espèces ne vont plus pouvoir pousser. Cela mène progressivement à la disparition de plantes, d'arbres, d'animaux qui souvent sont dépendant de l'écosystème d'un endroit. Lorsqu'elle organise des sorties avec des enfants, Hélène s'applique à les emmener à la découverte de sensations : ce qui peut être rugueux, ce qui peut être grand, ce qui peut être petit. « Ca les oblige à découvrir tout ce qui peut être autour d'eux. » Par exemple, faire de la musique avec les choses de la nature leur paraît incroyable, ainsi que les nombreux bruits de la forêt. « Pour eux, c'est une grande découverte. Ils ont l'impression que c'est quelque chose de nouveau, alors que ce sont des choses très simples. »

Quand les enfants lui demandent comment elle sait tout ça, Hélène répond qu'elle ne sait pas grand chose, mais que l'on partage toujours le savoir avec les uns et les autres et ça permet de « grandir sa connaissance ».

Hélène souhaite justement approfondir son savoir. Pour cela elle poursuit sa formation et envisage de devenir Guide Nature. Elle essaye quotidiennement d'acquérir des connaissances auprès de gens qui sont spécialisés et ce qu'elle acquiert, elle le retransmet aux publics qu'elle guide. Pour elle, il s'agit « d' apprendre pour pouvoir redonner ».


Hélène est évidemment concernée par l'enjeu politique qui dirige aujourd'hui les choix environnementaux. Elle estime que la politique de l'environnement lancée par le gouvernement à l'époque du grenelle avait de très bonnes idées. Malheureusement ça n'est pas porté, comme le travail qui avait été fait, par des associations de protection de l'environnement. Elle a eu peur, à un moment donné, que ce soit pris pour une mode. Ça aurait été un peu dommage, mais aujourd'hui elle reconnaît qu'il y a quelques villes qui le portent bien. Il y a quand même les collectivités qui impactent plus localement. Certaines communes ont la volonté de développer la protection de l'environnement, mais ça reste quand même quelque chose de limité et d'artificiel.

Ce qui serait intéressant, selon Hélène, ce serait d'avoir globalement une vue sur une ville ou bien sur un espace, en y intégrant un maximum de partenaires qui sont spécialisés chacun dans leur domaine. « Parce que, en tant qu'association, estime Hélène, on n'a pas forcément toute la science, toute l'expérience possible pour pouvoir discuter d'un sujet. Chaque partenaire peut apporter le plus dans sa spécificité, pour une réflexion plus large permettant de limiter les risques sur un milieu, un espace naturel. » Elle pense que le gouvernement ne va pas au bout de ce qu'il dit. « Entre les paroles et les actes, il y a un énorme fossé. » Mais elle pense qu'on y arrivera progressivement. On le voit dans le domaine de l'alimentation : « il y a déjà une transformation qui est faite avec ce regard un peu différent sur l'alimentation saine, qui est déjà quelque chose qui avance. » Tous les sujets n'avanceront pas de la même façon malheureusement. Ça pourra évoluer, mais il va falloir du temps. « On a des pays voisins qui ont largement avancé les questions relatives à l’environnement, comme l'Allemagne, la Belgique, la Suède ou d'autres pays qui sont plus avancés sur ces domaines. Par contre nous, français, on est un peu durs d'oreille parfois et c'est un peu dommage parce que on est en train de détruire un certain nombre de choses sans en prendre conscience. »


L'objectif de l'association Les Pieds sur terre est bien de faire connaître et de faire découvrir la nature auprès du grand public. Mais Hélène constate qu'on a encore beaucoup d'élus qui ne sont pas assez sensibilisés sur la problématique de l'environnement. Elle nous explique qu'« à vouloir faire des choses parce que le voisin l'a fait à côté, ce n'est pas forcément adaptable sur la commune où l'on est. Il faut bien faire attention à voir l'impact que peut avoir un changement. » Pour Hélène, il est évident que l'on a besoin des collectivités, de l'Etat et autres, mais il faut commencer par toucher « le simple citoyen » car sa prise de conscience va apporter le changement de comportement d’une société et impacter sur le choix d'élire tel ou tel représentant plus sensible aux questions d’environnement. « C'est lui qu'il faut toucher en premier lieu, pour arriver à faire comprendre l’importance de préserver nos ressources naturelles. »

A la découverte de la nature... en ville!

Une ballade au bord de la Moselle à Thionville avec Hélène Botella de l'association Les pieds sur terre.


Le site de l'association Les pieds sur terre ICI

jeudi 26 mai 2011

Yvette Total, peintre thionvilloise de l'art naïf


YvetteTotal par lelierre



Château de Volkrange


Je m'appelle Yvette Total, je suis née à Quinéville en Normandie.

J'ai commencé à peindre en 1979. Je réalise ma première exposition au Casino de Thionville en 1980, puis j'expose à Metz, Nancy.

En 1988, j'ai participé au 2ème Salon International des peintres naïfs à Nancy où j'ai été placée 9ème sur les 41 peintres.

Je puise mon inspiration dans la nature, le rêve, les contes, mais surtout dans mes souvenirs d'enfant. J'ai toujours été très influencée par la nature de ma Normandie, les pommiers en fleurs, les rivières, la mer, les mouettes, les manoirs... Cet univers frais, joyeux et insouciant et poétique, me plonge dans le bonheur de l'enfance retrouvée.

J'ai exposé également plusieurs fois au Luxembourg et certains de mes tableaux ont été exposés en Allemagne.

Dans mes récompenses, j'ai reçu le prix du peintre Ambassadeur à la 3ème biennale de la peinture et de la carte postale en 2001.

En 2006, pour l'exposition Des Tonneaux et des Pinceaux, organisée par le syndicat mixte des 3 Frontières, la Mairie de Thionville et le Centre Culturel Jacques Brel, j'ai exécuté un tableau sur un couvercle de tonneau, intitulé "Promenade au 4, sentier des Amoureux".

En 2007, j'ai eu l'honneur de recevoir le prix spécial du jury aux Palettes du Patrimoine à Rodemack, pour le tableautin en tissu représentant "La Porte de ma Franchise".

Je vis à Thionville en Lorraine depuis 1971. Je suis arrivée ici parce que mon mari travaillait dans les travaux publics. J'ai beaucoup voyagé de par sa situation. Il a travaillé sur des grands chantiers en Afrique, en Australie, en Turquie. Ensuite, nous sommes rentrés en France. Mon mari est allé travailler au Luxembourg, et sur les autoroutes françaises. J'ai ainsi vécu 2 ans et demi à Strasbourg avant d'arriver à Thionville. Mon mari y avait été muté, notamment lors de la construction de la centrale de Cattenom.

Et puis nous sommes restés ! Et finalement, Thionville m'a porté chance. C'est là que j'ai découvert ma peinture, et ça a été le début d'une belle aventure.

En ce moment, je prépare une exposition rétrospective de mes 32 ans d'amour et de passion, pour Septembre 2011.

Place du marché - Thionville


Un après midi à la pigeonnerie


5-7 rue de Jemmapes - Thionville

mardi 26 avril 2011

Rose-Marie Majesté, à la grâce de Dieu

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Rose-marie Majesté a sept enfants et elle fréquente l’atelier linge de la chaussée d’Océanie. Elle n’habite pas la Côte des roses mais les basses terres et là aussi on démolit des immeubles pour rénover le quartier.

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Rose-Marie est née à Haïti il y a trente quatre ans dans une famille de six enfants dont il ne reste que deux frères au pays. Son père est mort et sa mère vit avec son mari à Miami en Floride. Un frère vit également à Miami, un autre à Paris et une sœur ainée en Guyane. C’est chez elle que Rose-Marie est arrivée en quittant son île en 1994. Elle voulait faire des études et un peu de mieux-être. Deux ans plus tard, Rose-Marie est mariée à Jean Claude Majesté. Il est évangéliste.


En 2004 la famille rejoint la métropole avec ses cinq enfants pour suivre des études pastorales à l’institut biblique pastoral baptiste d’Algrange[1] en Moselle. Le mari de Rose-Marie veut rester trois ans en France pour devenir pasteur évangélique, et rentrer en Guyane.


photos IBPB d'Algrange

Sept ans plus tard la famille est sur le départ, elle est resté plus longtemps qu’ils l’avaient imaginé : c’est que les conditions de vie sont meilleures ici qu’en Guyane. L’école surtout[2]. Il manque beaucoup d'écoles en Guyane. Les classes sont surchargées. Les fournitures scolaires sont hors de prix tandis que durant six ans en Moselle les enfants ont eu les fournitures scolaires gratuites à chaque rentrée.


photo bourlingueur.com

Et les prix ! La vie est très chère. Par exemple, deux yaourts sucrés coutent 2,50 euros. Les prix sont triplés et parfois même quintuplés par rapport à la métropole. Autre exemple : ici, deux des enfants sont au conservatoire de musique, l'un fait du piano et l’autre l'Alto : cela revient à trois cent euros par an et là-bas, c’est le prix pour un seul enfant.




Mais la décision est prise et si la famille est encore là c’est pour finir l’année scolaire à Thionville. Les enfants ne sont pas très enthousiastes à l’idée de vivre en Guyane et ça se comprend : Eve, l’ainée avait six ans quand elle est arrivée en métropole. Elle n’est jamais retournée et ne connaît plus personne là-bas. Mais elle s’y fera même si tout ça est flou pour elle encore. Deux enfants sont venus agrandir la famille et Rose-Marie a maintenant sept enfants : le seigneur donne. Dieu décide et il l’a choisie pour faire des enfants parce qu’elle peut le faire. Rose-Marie le sait, personne ne lui a demandé d’avoir autant d’enfants. Mais rien ne dépend de nous, Dieu bénit.

« C’est quand le retour ? » entendent-ils autour d’eux. Beaucoup ignorent que la Guyane n'est pas la porte à coté. Ce n'est pas si comme on devait acheter des tickets de métro pour se rendre a un match de foot lorsqu'on habite aux Portes de Paris. Le départ nécessite des milliers d'euros.

Des billets d'avion pour neuf personnes et un container de douze mètres pour nos effets personnels. Les gens disent : « Pourquoi voulez-vous retourner en Guyane avec sept enfants alors que la vie y est si chère ? »Ils répondent : « notre avenir et celui de nos enfants ne dépend pas de nous. Nous faisons pleinement confiance à Dieu. Il n'abandonne jamais ceux qui se confient à lui. »

La famille a connu des périodes difficiles et des années sans emploi en métropole mais leur foi est ferme, et elle rentre en Guyane avec confiance.

Beaucoup ont des pensées négatives quand ils se retrouvent sans emploi. Ils se sentent abandonnés et méprisés. « Nous comprenons la souffrance de ceux qui ne trouvent pas de travail lorsqu'ils sont père et mère de famille mais ce n'est pas une raison de penser au suicide. Ils peuvent encore espérer et croire à une vie meilleure, tout en mettant leur confiance en celui qui peut tout faire. » Avoir des projets et les poursuivre, c'est très important. On est vaincu lorsqu'on abandonne son but. "Dieu est un secours, un refuge et un appui qui ne manque jamais dans la détresse".


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En attendant le départ, les Majesté doivent faire face au relogement. Rose-Marie était bien dans cet appartement d’où elle pouvait surveiller les enfants qui jouaient dans le parc au pied de l’immeuble. Mais le douze rue Christophe Colomb va être démoli et là où ils vivaient, la rue va couper la banane pour rejoindre l’avenue de Douai. Faute de T6 libre, le bailleur leur a proposé un T4 dans un autre quartier et ils avaient accepté puisque de toute façon ils avaient décidé de quitter Thionville à plus ou moins long terme.


photo renou goussé

Le 25 février un container est arrivé pour expédier le plus gros de leurs affaires en Guyane. La coordinatrice du relogement les avait appelés pour choisir le revêtement de sol dans le nouvel appartement. Et depuis le bailleur dit avoir trouvé un T6 alors qu’il n’y en avait plus mais il ne veut pas dire où il se trouve.

Les Majesté se méfient et ne comprennent pas ce qui se passe. Déjà ils avaient mal perçu le fait qu’on leur propose un logement plus petit alors qu’ils ont sept enfants et là ils craignent qu’on les loge n’importe où puis que cela ne doit pas durer. Mais ils ont des droits.

L’an passé la mère de Rose-Marie est venue à Thionville passer trois mois : cela faisait seize ans qu’elles ne s’étaient plus vu, l’âge que Rose-Marie avait quand elle a quitté Haïti pour recommencer une vie. Elle a sa maison à Cayenne et espère que le Seigneur ne va pas les abandonner : il faut faire confiance et avancer.



Rose-Marie et son mari disent Merci aux deux familles qui les ont aidé à remplir le container sans oublier le voisin qui les a aidé à monter le monte meuble ... ils les oublieront jamais.

« Que Dieu répande sa grâce sur tous les lorrains. Malgré leur incompréhension, nous les aimons et nous souhaitons une longue vie à tous. »


photo bourlingueur.com

mercredi 16 mars 2011

Emmanuel Hauter, à la recherche de Manolo Prolo

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Emmanuel Hauter est fils de mineur. En rentrant d’Algérie où il avait fait son armée, son père qui était chaudronnier de métier s’est marié à Creutzwald. Un an plus tard « Manu » était là et, pour faire vivre tout ce petit monde, son père avait choisit la mine où on gagnait bien sa vie dans les années soixante. La famille vit au village et manu grandit dans un monde davantage paysan qu’ouvrier. A dix sept ans Manu ne sait ni trop quoi penser ni quoi faire. Mais son père lui a laissé le choix : tout sauf la mine. Et comme il cherche une orientation, il choisit aide géomètre, un métier pour savoir où on est.


Aujourd’hui il est technicien topographe dans un cabinet d’ingénieur luxembourgeois, le bureau d’études kneip. Manu est sur le terrain pour faire les relevés préalables à l’ouverture de chantiers. Autrefois on appelait son poste, chef de brigade, il fallait en effet un topographe un aide et un opérateur. Mais le matériel à changé, plus besoin de mire graduée pour repérer les points à mesurer. Aujourd’hui l’appareil de mesure relève automatiquement les points et détecte la mire réfléchissante. Un homme seul peut guider la machine de loin et c’est ce que fait Manu. Depuis que son collègue a quitté l’Entreprise, il préfère travailler seul, à son rythme, responsable de son travail.


Il reste un petit côté militaire et patriarcal à ce métier. Et Manu ne se voit pas en chef. Les choses doivent être faites mais elles sont le résultat d’un exercice collectif et d’une négociation préalable, la synthèse des efforts de tous. Manu pense que le pouvoir pervertit car celui qui l’exerce, a toujours peur de le perdre. Et dans le monde du travail on risque toujours de l’exercer pour le compte d’un patron qui ainsi ne met pas directement le sien en jeu.



Manu en sait quelque chose car adolescent, après s’être retrouvé au chômage, il a rejoint l’armée. Il avait signé pour dix huit mois pour toucher un vrai salaire et il a atterri dans une caserne de gendarmerie à la Courneuve, en région parisienne. C’était l’époque où on devait protéger les opposants de Khomeiny exilés en France. Il était indiscipliné et il a beaucoup appris.


La cité des quatre mille n’était pas loin et il y avait toujours des histoires, des bagarres avec les jeunes du coin. Manu a fini par comprendre que les jeunes qui s’en prenaient au premier bidasse venu, le faisait en représailles à une provocation de certains collègues. En fait, il pouvait aller de la Courneuve à Aubervilliers à pied en traversant tout ces quartiers chauds, sans qu’il lui arrive quoique ce soit. Lui n’avait pas vraiment de conscience politique mais ses camarades étaient curieux de l’extrême droite et il avait assisté avec eux à un meeting du FN, à la surprise des membres de l’encadrement qui s’y trouvaient aussi. Il n’y avait senti que la haine, aucun espoir.


Et puisqu’il était à la Courneuve, c’est finalement à la fête de l’huma qu’il avait trouvé ce qu’il cherchait. Manu renouait ainsi sans le savoir avec ses grands oncles, communistes à l‘époque où c’était vraiment risqué, pendant les années trente. « Voilà que ça recommençait avec son fils » avait dit sa mère à qui tout ça n’avait jamais dit rien qui vaille !


Après l’armée Manu finit par rejoindre l’étude où il travaille encore aujourd’hui. Il fait partie des gens qui vont travailler chaque jour de l’autre côté de la frontière et se demande comment font les smicards qui n'ont pas "la chance" de bosser au Luxembourg pour se loger avec le prix qu’a atteint l'immobilier. Manu croit que les municipalités successives ont laissé s'installer une spéculation qui ne peut plus être régulée alors que la manne luxembourgeoise est sur le point de se tarir et que, comme beaucoup de ville de province, Thionville est entourée par les complexes commerciaux qui écrasent petit à petit les petites boutiques du centre. À l'avenir, la ville risque de devenir un dortoir à caractère touristique.

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Finalement, la seule chose qui ait plu à Manu dans l’armée à part le sport, c’est le sentiment d’égalité que donnait le port de l’uniforme. Et puis l’armée lui a quand même permis de s’affranchir de la famille et de découvrir Paris : le quartier latin, le monde des squats et de la jeunesse marginale, le rock and roll et la bande dessinée.

Même s’il ne dessine pas encore, il sait que c’est ce qu’il veut faire. Il a désormais le virus de la BD, il dévore tout, de métal hurlant à fluide glacial. Il participe à des ateliers, progresse tout seul en dessinant à la maison et produit ses premières planches.


En 1992 Manu anime un atelier de BD au centre Jacques Brel à Thionville, cinq six passionnés mais on ne les prend pas très au sérieux. Ils trouveront un peu plus d’écho à Yutz où Manu participe au festival « ça bulle à Yutz » en 1996 autour d’une exposition « vache », le thème choisit par Johan de Moore, un des invités du festival. Là, il réalise qu’il n’aura de reconnaissance qu’en développant son propre travail dans le plaisir de faire.


Dans les années 2000, son copain Chandre lui ouvre le monde des fanzines[1] et leur association qui s’appelle « les amis de l’absinthe » publie Waasup et Mr Green, cinquante pages où six ou sept artistes publient leurs histoires.


Manu découvre les polars de Jean Bernard Pouy et il les voit déjà en image, en noir et blanc. Son style s’affirme, il a un bon crayonné mais l’encrage est un désastre : la technique du lavis va libérer son imaginaire en lui facilitant les choses. C’est une façon proche de l’aquarelle qui donne aux dessins tout de suite plus de profondeur.


Ses planches oscillent encore entre BD et illustration : comme Xrist Mirror, il a envie de sortir du story-board et de s’offrir des plages graphiques plus grandes, il veut intégrer à la séquence des cases qui sert de colonne vertébrale au récit, un cheminement plus libre : garder le canevas de la mise en scène et suivre le récit à la boussole.

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Avec Chandre il a publié des dessins d’actualité dans le Quotidien, journal luxembourgeois. Mais le nouveau rédacteur en chef a trouvé que décidément le Quotidien n’était pas Charlie Hebdo et ils sont partis.[2]


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Manu appartient au monde de la BD comme contre-culture.[3] Il a vu comment on instille les idées extrémistes dans la tête de ceux qui cherche à tout prix à appartenir à un groupe et comment les ordres répétés en cascade amènent les gens qui veulent être acceptés à accepter des idées insidieuses qui ne leur appartiennent pas. Il publie dans « My Way » un magasine punk animé par Chester de 2001 à 2008.


La dernière fois qu’il est allé à Angoulême, la Mecque de la BD, Manu a rencontré un éditeur fan de son travail, « Même pas mal » qui lui a proposé de publier un album de quatre vingt dix pages. Manu avance, il en est au deux tiers du récit et il a six mois devant lui pour finir.

Emmanuel Hauter, le topographe, est devenu Manolo Prolo, l'auteur de bande dessinée[4], il va sur ses quarante six ans, ses récits deviennent plus personnels un peu grâce à sa femme, férue d’histoire de l’art qui lui a apporté ce qui lui manquait de culture pour nourrir son travail. Il commence à puiser dans des expériences vieilles de vingt ans. La vie, les aventures, se vivent avant de pouvoir se dire.

"l'important est de se souvenir de l'endroit d'où on est parti même si on ne sait pas où on va."

photo républicain lorrain


article publié sur wikithionville

vendredi 17 décembre 2010

Bernard Jeannenot: pour une Vie Libre

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Bernard Jeannenot a grandi dans la cité Médoc de six à vingt et un ans. Son père travaillait pour l’immobilière thionvilloise qui logeait les gens de Sollac et qui allait devenir Batigère après fusion. En revenant du service militaire, Bernard s’installe avec sa première femme, au 10 rue Christophe Colomb, dans l’immeuble qu’on appelle la banane, avenue de Douai. S’il y était resté toutes ces années, il serait aujourd’hui sous le coup d’un relogement car cet immeuble va être réaménagé et plusieurs cages d’escalier, dont le numéro 10, vont être démolies.

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Mais déjà la famille avait déménagé au numéro 16, Bernard s’en souvient bien, il avait les pieds dans le plâtre et c’est messieurs Firek et Fichback qui l’avaient aidé à déménager d’une cage à l’autre. Les gens se connaissaient bien car tout le monde travaillait à la Sollac : il y avait une vraie solidarité entre eux. A l’époque, il suffisait de descendre au pied de l’immeuble et de claquer ses boules l’une contre l’autre pour voir rappliquer les autres boulistes en moins de cinq minutes.


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En 1985, Bernard divorce et quitte le 16 pour un studio rue du chardon. En 1990 il s’installe aux Cofimec à Yutz mais dès 95, son fils qui a gardé l’appartement familial, lui signale qu’il y a un logement libre sur son palier et Bernard revient rue Christophe Colomb. Sa fille s’installe juste au dessus et jusqu’en 2004, toute la famille, c'est-à-dire les enfants et petits enfants de Bernard et les enfants de Marie-Paule, sa nouvelle compagne, vont vivre ensemble, portes ouvertes et sur deux étages. Le relogement et la réhabilitation de la banane sont bien avancés mais Bernard trouve que certaines choses marchent à l’envers. Par exemple, dans la cage d’escalier du 16 on sait depuis longtemps que l’entrée de l’immeuble va s’inverser et le F5 du rez-de-chaussée va perdre une pièce: pourtant une famille qui voulait un F5 à été relogée dans cet appartement sans savoir qu’il allait devenir un F4 à cause des travaux. Le bailleur a aussi évoqué la possibilité de passer d’un F5 à un F3 car maintenant Bernard et Marie-Paule sont seuls. Mais non seulement les enfants et petits enfants viennent toujours à la maison mais en plus Bernard pense que la loi sur le relogement tient compte de la surface réelle des appartements dans ces cas là et leur appartement est un petit F5. Au pire il faudrait qu’ils lui proposent un F3 de la même superficie et dans le quartier. Ce serait vraiment dur de s’adapter mais après tout, Bernard l’a déjà fait dans sa vie. Il a appris à accepter les choses comme elles sont en luttant contre la maladie alcoolique.

Bernard a commencé à travailler à quatorze ans en 1959 à Hayange sur le train à chaud. Rectifieur, tourneur pontier cariste, il a tout fait. Mais, avec les années qui passent, quelque chose l’empêchait de monter en grade malgré la qualité de son travail. En 1989, il se décide à faire une cure de désintoxication. Il fuit littéralement à Cabri près de Grâce dans le midi, il n’a pas envie qu’on lui fasse la morale. Il va refaire le chemin à l’envers et comprendre ce qui l’a amené là. S’il n’a pas bu avant son service militaire, la majorité, à 21 ans à cette époque là, va lui donner petit à petit l’occasion de boire : l’alcool est synonyme de convivialité et de force et on boit de plus en plus sans s’en apercevoir. Mais ce que la cure va lui apporter c’est la découverte, à quarante cinq ans, qu’il est dyslexique. Il se souvient de ce qu’on disait de lui à l’école : « Bernard est un fainéant, il ne travaille que quand il en a envie… » les première lignes de ses devoirs étaient sans fautes mais pour les dernières il perdait sa concentration et le nombre des fautes éclataient. Avec un père à cheval sur l’orthographe et porté sur le beau parler… ne pas pouvoir restituer ce qu’on a fait parce qu’on confond les B et les P est un vrai handicap. Mais les parents élèvent leurs enfants de la même manière alors que chacun a ses faiblesses et ses forces. Le résultat c’est le premier prend ça bien le deuxième mal et que le troisième souffre. C’est la racine de la maladie alcoolique : être mal compris et dévalorisé au départ. Ce que Bernard a compris aussi c’est qu’on ne peut demander à ses parents ce qu’ils n’ont pas reçu eux-mêmes. Pendant la dernière guerre, le père de Bernard avait fuit Thionville avant l’arrivée des allemands. Il n’avait pas vraiment eu le choix : ses parents venaient de divorcer, chose rare à l’époque et sa mère ne voulait pas de lui ni d’ailleurs la nouvelle femme de son père. Une histoire d’enfant orphelin de parents vivants.


Il avait vivoté en faisant des petits boulots avant d’atterrir du côté de Beauvais et de rencontrer sa future femme, réfugiée elle aussi. La cure lui a permis de comprendre ses parents et de choisir. Car la maladie alcoolique est la seule dont le patient peut décider de guérir. Il suffit d’arrêter de boire.

Mais l’abstinence est un chemin très exigeant. La personne qui l’a encadré à Vie Libre était abstinente depuis vingt six ans quand, pour fêter un événement joyeux elle s’est autorisé une coupe de champagne : la rechute est terrible. La maladie alcoolique laisse dans l’organisme une substance proche de la morphine : la T.H.P, tétrahydro papavéroline qui prend petit à petit la place naturelle des endorphines chargées de soulager nos douleurs. En cas de reprise de la consommation d’alcool, les malades alcooliques perdent tout contrôle et la T.H.P va pousser les pousser à boire de façon mécanique et répétitive. Il faut donc se méfier des coups de « tömel » et savoir ce qu’on veut car, pour Bernard, une rechute se sent venir et si ça recommence quand on a réglé ses comptes avec le passé, « c’est qu’on a soif ».



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On est donc acteur de sa guérison et quand Bernard va parler devant des lycéens au nom de l’association Vie Libre, c’est pour leur dire qu’il ne faut pas perdre la liberté de boire pour le plaisir. Il ne s’agit pas de leur interdire de boire mais de leur donner les moyens de gérer leur consommation avec modération pour qu’ils puissent boire pour le plaisir toute leur vie et non contraints et forcés par la maladie.

L’alcool et les jeunes est un sujet préoccupant mais il ne faut pas perdre de vue qu’il prend souvent la place de ce qui manque et si, aujourd’hui certains jeunes défraient la chronique par leur abus d’alcool, c’est surtout pour attirer l’attention sur leur mal-être. Avec des parents absents parce qu’ils travaillent tous les deux, comment prendre une place dans cette société sans structure. La suite dépend du groupe auquel on va appartenir et les codes qui définissent le comportement de chacun. Parfois, c’est hiérarchie, violence, picole. Bernard a été appelé récemment dans un établissement scolaire à cause de six jeunes filles ivres mortes le matin en classe : elles lui ont dit que, « bonne notes mauvaises notes, à la maison leurs parents ne font pas la différence ». La maladie alcoolique nait du sentiment de sous-estimation de soi.

L’association de soutien aux malades alcooliques, Vie Libre, offre justement la liberté à chacun de prendre des responsabilités et d’être valorisé par son action. Bernard a été responsable deux ans et puis a laissé la main à quelqu’un d’autre. Certains font des cures par obligations de justice, pour ramener la paix dans la famille, pour s’en sortir, il faut comprendre que l’alcool est une maladie et donc qu’on peut en guérir. L’association est un endroit où les gens peuvent parler de tout et de rien et de leur problème s’ils le veulent, en toute liberté et sans jugement.


VIE LIBRE/Permanence  à Thionville : 5 rue du manège le mardi  et mercredi de 17h à 19h vendredi de  10h à 12h
4ième lundi de chaque mois réunion salle du manège ouverte à tous.

Permanence à Yutz à l’escale, le lundi de 14h à 16h aux Cofimec, 2 rue de Bretagne et au centre médicosocial, rue des nations, de 17h à 19h.



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article publié sur wikithionville

dimanche 7 novembre 2010

Pierre Stolze, un drôle d'enfant de cœur



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Pierre Stolze a vécu à Œutrange entre 1992 et 2007. Il cherchait un autre mode de vie avec potager et jardin. Il y avait encore une épicerie une boulangerie, deux bistros et un bureau de poste, essentiel quand on est écrivain. La poste était ouverte tous les matins, puis de plus en plus tard dans la journée, puis seulement deux jours par semaine et enfin plus du tout. Le village se meurt lentement et Pierre s’est replié depuis sur un autre quartier de Thionville.

L’histoire thionvilloise de la famille Stolze commence en 1927 avec un grand père allemand qui au début du siècle dernier épouse une alsacienne et cherche à s’installer en lorraine pour y ouvrir un grand hôtel. Personne ne veut lui vendre de local à Nancy mais c’est là qu’il entend parler d’un superbe emplacement au coin de la rue Castelnau et de la rue d’Angleterre à Thionville. Le Trianon Palace restera dans la famille jusqu’en 1990.

Pierre, né en 1952, va à la Providence puis à l’école saint Pierre qu’il quitte à l’âge de onze ans à destination du collège épiscopal de Bitche[2] pour faire curé. C’est le vœu de la famille qui suit là le désir de Pierre de devenir missionnaire en Afrique. Il change assez vite d’idée et devient la bête noire de l’évêque de Metz en se faisant remarquer par des articles iconoclastes dans la revue du collège.

Ce qui ne l’empêche pas de servir la messe pour lui quand il vient au collège. Pierre est enfant de chœur depuis ses six ans, sa mère craignait que ça ne soit trop jeune mais pour faire « pot de fleur », le premier grade d’enfant de chœur, Pierre faisait bien l’affaire. Si bien que le curé venait parfois le chercher jusque dans sa classe de l’école St Pierre pour officier dans un mariage ou un enterrement. A Bitche[3], il atteindra le sommet de la hiérarchie du chœur en devenant « grand thuriféraire ». Son rôle est d’alimenter l’encensoir et d’encenser la foule des croyants et le prêtre qui officie la messe.

Pierre se souvient d’une farce de son cru qui consistait à séparer l’encens et les braises par une couche de cire de bougie dans l’encensoir avant de le tendre au curé : la cire étouffait les braises, le curé impatient secouait le tout pour obtenir une réaction ce qui provoquait la combustion de la cire et noyait le chœur d’une épaisse fumée. Il se souvient aussi des paris que les enfants de chœur prenaient sur les dames les premières arrivées pour recevoir la communion. C’est bien parce qu’il est bon élève que le collège le gardera.


Pierre ira jusqu’en Normale Sup[4]. Il pense s’orienter ensuite vers l’Ecole Française d’Extrême d’Orient, l’archéologie est sa passion et il a déjà déposé un sujet de thèse sur la disposition des temples d’Angkor au Cambodge. Mais dans les années 70, c’est la guerre dans cette région d’Asie, Saïgon et Phnom Penh tombent et Pierre ne verra jamais Angkor[5].


Mais rien ne se perd. Pour se délasser du concours d’entrée à Normale Sup[6], Pierre a découvert « Le Monde des Ā » le célèbre roman de science-fiction de Van Vogt[7] traduit en français par Boris Vian[8] en 1953. Il dévore cette littérature nouvelle pour lui et écrit un premier roman en 1976, « Le Serpent d’Eternité » dans lequel Angkor sert de décor. En 1977, Il se fait remarquer par la communauté littéraire en signant une nouvelle dans la revue Fiction, intitulé « ah ! dit-il en se grattant les couilles » car il perpétue la tradition des Normaliens écrivains qui a tendance à disparaître. Mais est-il capable d’écrire un livre publiable ? Son livre est finalement édité en 1979.


Pierre est prof de français et de latin à Fameck entre 1980 et 84 mais il ne peut enseigner et écrire de front. Il passe sa thèse de doctorat en 1994 avec pour sujet la Science Fiction comme renouvellement de la littérature classique par son inventivité et la métaphorisation de ses formes. A cette époque la S.F fait partie de la contre-culture au même titre que la B.D et le polar. La soutenance de thèse dure six heures ! On se méfie d’un normalien écrivain de surcroît qui s’intéresse à la S.F. Pierre se fait mettre en disponibilité et se consacre à l’écriture. Il adore la fiction spéculative qui explore un futur toujours proche et sert de miroirs déformant de notre réalité. Le thème du voyage dans le temps lui plaît aussi car il a à voir avec l’enfance, comme une faculté que perdrait l’adulte. Il va écrire seize romans et recueils de nouvelles.

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Le plaisir d’être écrivain c’est enfin avoir une bonne histoire en tête et aussi relire le texte achevé. Entre les deux étapes réside le travail toujours recommencé et ardu, page après page. Pierre est devant l’ordi à 9 heures et après cinq heures de travail il est K.O. Le livre commence quand il a la première et la dernière phrase et tout le plan en tête.

Un roman est réussi quand il en rêve la nuit : cela signifie que les personnages commencent à exister et prennent leur indépendance. Le livre vit quand il laisse des images dans la tête de ses lecteurs.

Son dernier ouvrage* est un récit sur le rôle de sa mère qui s’appelait encore Simone Coqué, dans le réseau de résistance de Georges Garel qui a sauvé 5000 enfants juifs entre 1942 et 44. Le livre raconte comment Salomon Jassy, rescapé de l’extermination grâce au réseau, a retrouvé Simone avant de la faire nommer Juste devant les Nations à l’âge de 90 ans.


Du parquet ciré de la piste de danse du Trianon où il glissait petit garçon, à la tour qu’il habite maintenant avec sa femme rue Castelnau, en passant bien sûr par les jardins de l’Ecole Normale où il déposait ses chats pendant les cours avant de les récupérer le soir sur les épaules, Pierre Stolze est devenu un écrivain.



Pierre Stolze publie également textes et critiques littéraires dans la revue Bifrost[1]





*la publication de ce dernier livre donnera lieu à une conférence à l’Adagio le jeudi 10 février 2011 à 20h30.
publié dans wikithionville

samedi 23 octobre 2010

François combe, une politique des villages


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François Combe a vécu la fin de la sidérurgie Lorraine en particulier sur les bassins de Thionville, de la Fensch et de l’Orne. Après 24 ans passés au service informatique de Sollac et d’Unimétal où il était chargé de l’informatisation du groupe, des bureaux aux lignes de production, il savait que sa venue dans un service signifiait des licenciements mais il a assisté en tant que délégué du personnel à un manque de réaction au changement : pourtant, l’installation d’un écran dans un service engendrait en général le licenciement de trois personnes.

François Combe a quitté Sollac en 1987 pour créer sa propre entreprise, Adhésif System. L’entreprise était spécialisée dans la découpe d’adhésif servant à décorer des véhicules, des vitrines, des panneaux, des caissons lumineux ou encore de la signalétique. Elle comptera jusqu'à quinze salariés.

Chez adhésif-système tout le monde gagnait le même salaire. Presque arrivé au terme de sa carrière, François Combe vendra son entreprise à la société Signalest qui faisait partie du groupe Girod-Lacroix.

Aujourd’hui il est Adjoint au Maire de Thionville en charge des huit villages faisant partie de Thionville.

En 1967, deux villages ont fusionné avec Thionville : Veymerange et Elange.

En 1970, six autres villages font de même : Garche, Koeking, Oeutrange, Volkrange, Beuvange, Metzange.

A cette époque, François habitait déjà à Garche, il y était arrivé en 1957. Auparavant il vivait avec ses sept frères et sa sœur, la petite dernière, dans la cité Oury-Sud, un quartier populaire à cheval entre les communes de Fameck et Florange.

François était l’ainé et jamais le dernier à participer aux bagarres autour du garage Camisan, entre les enfants de la cité et ceux de Florange - Centre.

A Garche, la famille Combe s’installe dans une vieille ferme au centre du village, une grande maison avec un potager et une vraie basse-cour : des canards de barbarie, des poules, des coqs, des lapins et même tous les ans deux cochons.

Dans les années cinquante, le pays était en pleine reconstruction : le maire de Garche avait mis des terrains à disposition d’un groupement coopératif, les Castors. Ces cinquante-trois maisons sont toujours à l’entrée du village.


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Les travaux étaient collectifs et une fois finies les maisons furent tirées au sort. C’était la condition pour que tout le monde participe au même niveau d’engagement à la construction de chaque maison.

Les nouveaux habitants n’étaient pas du village et leur intégration à Garche a été assez laborieuse, d’un côté les Castors et de l’autre les anciens de Garche. Les différences se sont comblées peu à peu et c’est même des Castors que sont venus les gens qui ont participé à la vie active du village : Bruno Magini a présidé pendant 43 ans le club de football, l’Espérance Sportive de Garche, secondé par un autre habitant des Castors, Etienne Zawadzki.

Ensemble, ils ont crée le comité des fêtes de Garche - Koeking. A leur mort, les habitants ont souhaité que le stade de Garche porte leur nom en souvenir de leur engagement au service du village. Le Maire de la précédente municipalité a refusé.

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François Combe avait été Conseiller Municipal de 1977 à 1989.

Exclu du parti socialiste pour être entré en dissidence, il avait renoncé à la politique et il envisageait une retraite paisible à s’occuper de ses petits enfants et en faisant quelques voyages en compagnie de son épouse. Mais ce refus de nommer le stade allait ranimer sa flamme et le pousser à éditer un « Petit Journal » pour aborder les problèmes des villages. Il ne lui fallait pas moins d’une semaine pour diffuser lui-même chaque numéro dans les huit villages faisant partie de Thionville.

Aux dernières élections, Bertrand Mertz, le nouveau Maire socialiste, lui a proposé d’être sur sa liste et François Combe a accepté à deux conditions : parce que pas grand chose n’avait été réalisé pour les villages, que soit prévu un budget annuel permettant de rattraper le retard des 40 dernières années et deuxième condition, qu’il soit nommé Adjoint en charge des villages pour pouvoir réaliser ce budget.


Aujourd’hui 4 conseillers municipaux l’assistent dans son travail, Nathalie Swol s’occupe du village d’Oeutrange, Josy-Anne Oestreicher de Garche et de Koeking, Giocondo Cavalière s’occupe de Volkrange, Beuvange et Metzange et Jean-Luc Gonella de Veymerange et d’Elange.

Gilles Thuillet est le responsable technique à la Ville en charge de résoudre les différentes demandes émanant des villages. Il est assisté dans sa tâche par Marie-Julie Salliard.

Depuis maintenant deux ans, beaucoup de choses ont été réalisées et des Conseils Consultatifs de village sont en train d’être mis en place. Ils seront constitués de personnes volontaires concernées par la vie de leur quartier. C’est une façon de rester au courant des projets en cours.

de gauche à droite:
Garche, oeutrange,beuvange, Volrange, Elange, Veymerange
Elange koeking