A l'origine, avant de créer l'association, leur activité se déclinait dans un Club Nature, un C.P.N. (Connaître et Protéger la Nature). « Ca a commencé avec des enfants et à l'époque le club se réunissait une fois par mois dans ma cuisine. » nous raconte Hélène. Dans le club, les enfants tenaient les rôles de président et de secrétaire. Les ateliers sont devenus réguliers et le club a commencé à construire quelque chose d'un peu plus élaboré. Progressivement, le projet a pris une dimension plus importante avec une ouverture davantage vers le public adulte. Des actions plus concrètes et plus valorisantes pour l'association ont pu être menées.
Les activités de l'association se portent plus spécifiquement sur la nature proche. Elles se déclinent avec des actions de protection. Notamment sur les milieux humides avec la réhabilitation d'anciennes mares. L'hiver, ils apportent une aide aux oiseaux. Parallèlement, ils organisent des sorties de découverte naturaliste où ils apprennent aux gens à découvrir cette nature en prenant le temps de l'observer.
Il est courant que l'association soit sollicitée pour mener des sorties nature avec des enfants. Travailler avec ce public est primordial pour Hélène car elle espère ainsi susciter un intérêt pour la nature existante. Pour elle, il faut que les gens comprennent que l'on doit éviter d'avoir des comportements de destruction des milieux. Quand on voit la transformation des campagnes et la prolifération urbaine, c'est important de sensibiliser les collectivités et le public adulte. Ne pas déverser dans son jardin des pesticides, ni faire pousser n'importe quoi, du type plantes exotiques. « C'est regrettable » souligne Hélène. Il faut surtout sensibiliser les enfants, car on sait qu'à travers les enfants on touche les parents et on peut ainsi les amener à regarder différemment. Hélène part du principe que, plus jeune, on avait davantage cette culture, de prendre le temps d'aller se promener, que ce soit dans la forêt de proximité ou le parc de proximité. Aujourd'hui, « on est dans une époque où on ne fait plus trois pas sans une voiture. » Avec les familles éclatées, tout le monde travaille, on n'a pas le temps. Ça devient regrettable de ne plus avoir ce contact avec la nature comme on l'avait autrefois.
L'idée portée par Les Pieds sur terre, c'est donc de passer ces messages avec des enseignants pour sensibiliser les enfants. « On ne court pas forcément, on s'arrête, on se pose, on s'assied, on prend, on touche, on manipule. » Pour Hélène, c'est très important dans la mesure où ce contact là n'est plus du tout fait. « Il faut amener les enfants à porter un regard différent sur leur environnement proche. »
Hélène puise sa motivation dans le fait de « sensibiliser un maximum de gens sur l'intérêt de protéger la nature qu'il nous reste. » « Et il ne nous reste plus grand chose » précise-t-elle. Elle constate la disparition de certaines espèces, notamment les plantes urbaines, avec l'utilisation systématique de désherbant, qui va faire que certaines espèces ne vont plus pouvoir pousser. Cela mène progressivement à la disparition de plantes, d'arbres, d'animaux qui souvent sont dépendant de l'écosystème d'un endroit. Lorsqu'elle organise des sorties avec des enfants, Hélène s'applique à les emmener à la découverte de sensations : ce qui peut être rugueux, ce qui peut être grand, ce qui peut être petit. « Ca les oblige à découvrir tout ce qui peut être autour d'eux. » Par exemple, faire de la musique avec les choses de la nature leur paraît incroyable, ainsi que les nombreux bruits de la forêt. « Pour eux, c'est une grande découverte. Ils ont l'impression que c'est quelque chose de nouveau, alors que ce sont des choses très simples. »
Quand les enfants lui demandent comment elle sait tout ça, Hélène répond qu'elle ne sait pas grand chose, mais que l'on partage toujours le savoir avec les uns et les autres et ça permet de « grandir sa connaissance ».
Hélène souhaite justement approfondir son savoir. Pour cela elle poursuit sa formation et envisage de devenir Guide Nature. Elle essaye quotidiennement d'acquérir des connaissances auprès de gens qui sont spécialisés et ce qu'elle acquiert, elle le retransmet aux publics qu'elle guide. Pour elle, il s'agit « d' apprendre pour pouvoir redonner ».
Hélène est évidemment concernée par l'enjeu politique qui dirige aujourd'hui les choix environnementaux. Elle estime que la politique de l'environnement lancée par le gouvernement à l'époque du grenelle avait de très bonnes idées. Malheureusement ça n'est pas porté, comme le travail qui avait été fait, par des associations de protection de l'environnement. Elle a eu peur, à un moment donné, que ce soit pris pour une mode. Ça aurait été un peu dommage, mais aujourd'hui elle reconnaît qu'il y a quelques villes qui le portent bien. Il y a quand même les collectivités qui impactent plus localement. Certaines communes ont la volonté de développer la protection de l'environnement, mais ça reste quand même quelque chose de limité et d'artificiel.
Ce qui serait intéressant, selon Hélène, ce serait d'avoir globalement une vue sur une ville ou bien sur un espace, en y intégrant un maximum de partenaires qui sont spécialisés chacun dans leur domaine. « Parce que, en tant qu'association, estime Hélène, on n'a pas forcément toute la science, toute l'expérience possible pour pouvoir discuter d'un sujet. Chaque partenaire peut apporter le plus dans sa spécificité, pour une réflexion plus large permettant de limiter les risques sur un milieu, un espace naturel. » Elle pense que le gouvernement ne va pas au bout de ce qu'il dit. « Entre les paroles et les actes, il y a un énorme fossé. » Mais elle pense qu'on y arrivera progressivement. On le voit dans le domaine de l'alimentation : « il y a déjà une transformation qui est faite avec ce regard un peu différent sur l'alimentation saine, qui est déjà quelque chose qui avance. » Tous les sujets n'avanceront pas de la même façon malheureusement. Ça pourra évoluer, mais il va falloir du temps. « On a des pays voisins qui ont largement avancé les questions relatives à l’environnement, comme l'Allemagne, la Belgique, la Suède ou d'autres pays qui sont plus avancés sur ces domaines. Par contre nous, français, on est un peu durs d'oreille parfois et c'est un peu dommage parce que on est en train de détruire un certain nombre de choses sans en prendre conscience. »
L'objectif de l'association Les Pieds sur terre est bien de faire connaître et de faire découvrir la nature auprès du grand public. Mais Hélène constate qu'on a encore beaucoup d'élus qui ne sont pas assez sensibilisés sur la problématique de l'environnement. Elle nous explique qu'« à vouloir faire des choses parce que le voisin l'a fait à côté, ce n'est pas forcément adaptable sur la commune où l'on est. Il faut bien faire attention à voir l'impact que peut avoir un changement. » Pour Hélène, il est évident que l'on a besoin des collectivités, de l'Etat et autres, mais il faut commencer par toucher « le simple citoyen » car sa prise de conscience va apporter le changement de comportement d’une société et impacter sur le choix d'élire tel ou tel représentant plus sensible aux questions d’environnement. « C'est lui qu'il faut toucher en premier lieu, pour arriver à faire comprendre l’importance de préserver nos ressources naturelles. »
A la découverte de la nature... en ville!
Une ballade au bord de la Moselle à Thionville avec Hélène Botella de l'association Les pieds sur terre.
Le site de l'association Les pieds sur terre ICI